Barbe Bleue... Le bourreau et ses victimes... Ses femmes... Et c'est une comédienne qui endosse en solo, l’adaptation réécrite de Barbe Bleue. Elle joue donc sa femme, la dernière, celle qui a échappé à la mort et a fait mourir son bourreau, celle qui finalement semble presque effacée dans le conte, dans l’attente de la punition de son mari après avoir ouvert le cabinet secret. Et si les deux caractères prennent forme, c’est qu’elle ne peut exister dans ce conte sans lui, comme une première évidence du sentiment de dépendance. Qu’attend-elle de ce mariage ? N’est-elle pas prête à pardonner pour qu’il lui pardonne aussi ? N’est-elle pas prête à sauver un mariage qui peut représenter une installation dans la vie, chose à laquelle beaucoup aspirent encore de nos jours ? N’est-elle pas prête à se créer un Monde où elle souhaite finalement que tout aille bien ? N’est-elle pas prête à accepter la souffrance ? Et de quelle façon se remet-elle de ce traumatisme ? Y-a t’il un « après » le conte ? C’est ce sur quoi nous nous sommes attardées pour créer et raconter cette femme. Certaines relations se basent sur l’attente, la souffrance et le pardon facile pour continuer une route à deux. Nous nous sommes alors interrogés sur la relation que Barbe Bleue et sa femme ont eue, avant son départ à lui et la remise de la clé interdite, mais aussi sur sa vie à elle après sa mort. Cette femme, apparait donc sur scène dès le début lorsque le public s’installe. Elle a le regard vide et elle fait des noeuds. Elle fait des noeuds, comme on tricote sans même plus regarder ses mailles. Elle noue et dénoue et renoue cette histoire, qui finalement l’aura rendue folle. C’est par le nœud sur ces innombrables cordes, en suivant le fil, qu’elle retrouve les évènements passés dans le désordre, comme des digressions. dans un passé qu’elle voudrait tendre, jusqu’à son départ.On découvre alors qu’elle voulait « se poser », avoir une maison, du temps et qu’elle a voulu croire à cette relation. Mais, elle se retrouve confrontée à cette clé, cet interdit, qu’elle ne peut occulter...